Les Ateliers d'Art Sacré

L’immédiat “après-guerre“ est une période de forte perte d’influence de l’église, conséquence d’une profonde modification de la structure sociale du pays. Beaucoup d’hommes sont morts ou sont invalides (1 700 000 morts militaires et civils, 4 300 000 militaires blessés), les femmes occupent une position nouvelle et inédite. Le pays se reconstruit. A travers les “Ateliers d’Art Sacré“, des artistes vont s’attacher à donner un nouvel essor à l’art sacré, pour accompagner la reconstruction des nombreux édifices religieux détruits pendant le conflit. Cette large réflexion sur “l’Art Sacré“ est développée par des intellectuels et artistes catholiques comme Charles-Marie-Georges HUYSMANS, Paul CLAUDEL et bien sûr Maurice DENIS, suivant là le mouvement d’idées en germe dès le tout début du siècle et qui arrive à maturation après la guerre.

Maurice DENIS

C’est donc au sortir de la Première Guerre Mondiale, en 1919, que les peintres Maurice DENIS (1870-1943) et Georges DESVALLIERES (1861-1950) posent les fondations des “Ateliers d’Art Sacré“. Ils côtoient, dans ce même esprit du “Sacré“, Georges ROUAULT (1871-1958), peintre et graveur, élève de Gustave MOREAU.

Georges DESVALLIERES

Reprenant l’esprit du compagnonnage qui, au Moyen-Age, réunissait artistes et artisans autour de réalisations communes, les “Ateliers d’Art Sacré“ se donnent comme but de former les créateurs à la pratique de l’Art Chrétien.

Il faut voir également dans les “Ateliers d’Art Sacré“, une vive réaction à l’extrême médiocrité de la représentation artistique du Sacré, fin du XIX° et début du XX° siècle. Cette réaction à l’art religieux académique, aux productions “industrielles“ mièvres et surannées, qualifiées de “saint sulpicienne“, prenait acte d’une perte de valeur et d’une absence quasi totale de création artistique.
Les “Ateliers d’Art Sacré“ inscrivent leurs réflexions dans la continuité du “Symbolisme“ et l’on ne peut s’empêcher d’y voir également un parallélisme avec le mouvement “Arts and Crafts“ initié par MORRIS et RUSKIN, entres autres, en Grande-Bretagne.

Les artistes qui rejoignent les “Ateliers d’Art Sacré“ partagent sur le fond les réflexions philosophiques développées par Jacques MARITAIN (1882-1973) qui publie, en 1920, “Art et Scholastique“.
Comme l’écrit celui-ci : “ … c’est par la façon dont il métamorphose l’univers passant dans son esprit, pour faire resplendir sur une matière, une forme devinée dans les choses, que l’artiste imprime sa marque dans son œuvre. Pour chacune, il recompose, tel qu’en lui-même enfin la poésie le change, un monde plus réel que le monde offert au sens“ (Frontières de la poésie). Voilà en quelques lignes la juste synthèse de “l’œuvre“ développé par les “Ateliers d’Art Sacré“.
Le principal de l’activité des ateliers est fourni par le Cardinal VERDIER (1864-1940), Archevêque de Paris dont les nombreux chantiers lui vaudront le surnom de “l’Evêque aux cent églises“.


Georges ROUAULT


Jacques MARITAIN


Cardinal VERDIER

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Traduction de la version anglaise Denis Mac Kee